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Le dernier portrait
Hubert Denis Etcheverry
(1867-1952)
"Portrait de Pierre Badie"
1936
huile sur toile
inv. CM 564
Des boucles blondes entourent son visage de petit pâtre. Ce joli chérubin n’a pas encore perdu la rondeur poupine de l’enfance, mais il possède déjà un regard grave. Ici, le portrait remplace l’absent. Pierre Badie meurt en effet en 1936, à l’âge de 4 ans.
Ère de progrès, notamment dans le domaine de la médecine et de la santé publique, le XXe siècle voit encore de nombreux décès prématurés, en raison des épidémies. La mortalité infantile recule lentement : elle concerne encore une naissance sur cinq vers 1900.
À partir de la fin du XIXe siècle, la diffusion de la photographie permet de garder plus facilement le souvenir des défunts. Dans de nombreux villages, des photographes amateurs, comme le menuisier à Minot, en Bourgogne, photographient leurs contemporains morts. Il faut de la rapidité et des moyens, pour faire venir un artiste à domicile, qu’il s’agisse de peintures ou, plus fréquemment, de dessins.
Chez un grand poète comme Victor Hugo, l’image de l’ange surgit spontanément quand il apprend la disparition brutale de sa fille aînée, Léopoldine, morte noyée avec son mari dans la Seine en 1843. Il écrit à sa femme : "Chère amie, ma femme bien-aimée, pauvre mère éprouvée, que te dire ? […]. Pauvre femme, ne pleure pas. Résignons-nous. C’était un ange. Rendons-le à Dieu. Hélas ! Elle était trop heureuse." (Cité dans Raimbault, 2011, p. 39). Dans ce tableau, Hubert-Denis Etcheverry peint un joli Cupidon entouré de fleurs, un symbole destiné à apaiser la douleur des parents.