L'importance du regard
Eugène Delacroix
“Étude d’après des Marocains”
1832
crayon noir et rehauts de sanguine, sur papier
inv. 1926
La figure principale de ce dessin, un jeune juif en sarouel et tunique, apparaît à plusieurs reprises dans l’œuvre de Delacroix. La feuille du musée Bonnat-Helleu comporte une étude d’ensemble du personnage ainsi que deux vues détaillées de son visage, subtilement rehaussé de sanguine.
Le 24 janvier 1832, Eugène Delacroix débarque à Tanger en compagnie du comte de Mornay. L’artiste vient découvrir l’Orient mahométan. Il rencontrera, en premier lieu, des Juifs. Son guide est Abraham Benchimol, interprète auprès du consul de France. Riche marocain, il traduit d’arabe en français et de français en arabe mieux que le préposé français à cette mission. Et surtout, il ouvre à Delacroix les portes de sa communauté et de sa maison, à quelques pas du consulat de France où loge l’artiste.
“Les Comédiens ou Bouffons arabes”, tableau conservé au musée des beaux-arts de Tours, sont inspirés de cette expérience. Le tableau de Tours, exécuté en 1847, reprend fidèlement la composition d'une aquarelle de 1836 (collection particulière), dont il conserve la transparence de matière pour le ciel menaçant ainsi que le modèle du jeune garçon en sarouel et tunique étudié dans le dessin du musée Bonnat-Helleu.