Faust dans tous ses états
Eugène Delacroix
“Méphistophélès dans les airs”
1826-1827
plume et encre noire, sur papier
inv. 1921
En 1825, Eugène Delacroix assiste à une représentation du “Faust” de Goethe, au théâtre de Drury Lane, à Londres. Profondément marqué par le sujet de cette pièce de théâtre, le peintre accepte, l’année suivante, d’illustrer la traduction d’Albert Stapfer, publiée sous l’impulsion de l’éditeur Charles Motte. Deux ans de travail aboutissent à dix-sept lithographies dominées par une atmosphère sombre et dramatique.
Dès le frontispice, Delacroix concentre son attention sur Méphistophélès, omniprésent dans les illustrations. Il survole ici la ville, venant de parier avec le Seigneur qu’il lui ravira l’âme de Faust (Prologue). “De temps en temps j’aime à voir le vieux Père, / Et je me garde bien de lui rompre en visière [de le contredire violemment]”, conclut-il une fois les cieux refermés et les archanges disparus. L’artiste, très habilement, a choisi de ne pas représenter ce dialogue, et contourne la difficulté en montrant Méphistophélès dans un entre-deux, revenant sur la terre pour engager la lutte.