L'ancienne Égypte : l'autre Antiquité
François Édouard Bertin (1797-1871)
"Bords du Nil près d'Esneh (Haute-Égypte)"
entre 1844 et 1848
crayon rehaussé de craie blanche sur papier
inv. 1771
Égypte
"Statue cube : figure masculine"
basalte noir poli
Ancienne collection de Léon Bonnat
inv. 744
Fils cadet du fondateur du Journal des Débats politiques et littéraires immortalisé par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), François Édouard Bertin embrasse la carrière artistique. Il se consacre au paysage, qu'il dessine lors de ses nombreux voyages : France, Belgique, Hollande, Allemagne, Suisse, Espagne, Italie et Orient. Entre 1844 et 1848, il parcourt la Grèce, la Turquie, l'Asie Mineure et l'Égypte, dont il rapporte de grandes études très abouties.
C'est le cas du dessin localisé sur les bords du Nil près d'Esneh, en Haute-Égypte. Alors que le désir d'approcher cette antiquité a poussé des artistes, comme Léon Bonnat, à collectionner les artefacts égyptiens, le site est évoqué dans le respect de la formation néoclassique plus que décrit archéologiquement. Un chemin emporte l'œil dès le premier plan pour le conduire vers la silhouette d'un bâtiment en ruines, perché sur la berge abrupte du fleuve, qui se découpe sur le contre-jour d'un ciel lumineux. Un bouquet d'arbres, plus bellifontain qu'oriental, équilibre la composition. La bâtisse paraît un pendant égyptien des ruines latines chères aux pensionnaires de la Villa Médicis.
En 1852, Jean-Joseph Bellel (1816-1898) donne une interprétation lithographiée de ce motif, pour la série Les artistes contemporains éditée par Goupil. Le cadrage différent, la présence pittoresque d'une porteuse d'eau, d'un palmier et d'un minaret invitent à s'interroger : un tableau a-t-il été imaginé par Bertin à partir de cette étude ?