Les bateaux pavoisés
Paul César Helleu
“Les Flammes des yachts”
huile sur toile
reproduite dans Montesquiou, 1913, n.p.
Bayonne, musée Bonnat-Helleu
Pendant les régates et les jours de fête, il est de coutume de pavoiser les navires, c’est-à-dire de garnir les cordages de drapeaux. Helleu se montre particulièrement sensible à ce spectacle qu’il peint à plusieurs reprises. Dans cette toile, deux bateaux sont amarrés côte à côte, dans un port. Leurs drapeaux multicolores battent dans le vent comme des flammes, pour reprendre le titre métaphorique de l’œuvre.
La touche volontiers grossière empêche de reconnaître la plupart des bannières, ce qui, du reste, importe peu : Helleu cherche avant tout à reproduire les couleurs vives des drapeaux, qui jaillissent avec intensité sur le fond opaque du ciel. Relativement rare dans l’œuvre d’Helleu, ce débordement chromatique contraste avec ses toiles, souvent peintes dans une palette claire, et ses pointes sèches, dont les tons restent discrets, même lorsqu’elles sont mises en couleurs.
Considéré comme un chef-d’œuvre par son ami le comte Robert de Montesquiou (1855-1921), ce tableau est reproduit dans l’ouvrage qu’il consacre à Helleu en 1913 et dans lequel il compare les flammes des yachts et leurs couleurs “à des rubans de chapeau” “dans un salon de couturier” (Montesquiou, 1913, pp. 42-43).